Kick ! Punch ! NES !!

Lorsqu’on pense à la NES, on songe rapidement aux classiques clichés : Super Mario Bros, Zelda, Metroid… et Punch Out !!. Qu’un jeu de boxe ait réussit à se hisser parmi les meilleurs d’une console, même s’il s’agit d’une adaptation de la version arcade, n’est pas un petit exploit. Mais est-ce que c’est le seul jeu de la console où le but est de taper le plus fort possible sur notre adversaire ? Bien sûr que non ! J’ai donc décidé de faire un petit zoom sur les jeux de combat les plus marquants de la console.

Le petit Mac

Discipline : Boxe

Commençons par le plus évident, déjà mentionné plus tôt, le fameux Punch-Out!! Oui, les points d’exclamation font partie du titre. Deal with it.

Little Mac afftronte King Hippo
Little Mac afftronte King Hippo

Le jeu est simple : on affronte plusieurs adversaires un à la suite de l’autre afin de dominer la ligue et monter dans les rangs pour finalement être couronné champion. Ce qui fait l’attrait du jeu, c’est que chaque adversaire possède un arsenal bien défini de techniques et de séquences de comportements (un pattern, finalement). Il faut donc observer et anticiper le meilleur moment pour déstabiliser l’adversaire et l’envoyer au tapis le plus rapidement possible. Évidemment, plus on avance dans le jeu, plus les patterns sont complexes et les fenêtres d’opportunités d’attaque sont de plus en plus petites. Ça prend des réflexes d’enfer pour pouvoir venir à bout du champion en titre. Et comme dans la vraie vie, plusieurs adversaires ont décroché le titre de champion lors des différents cycles de production du jeu.

Mike Tyson (gauche) et Mr Dream (droite)
Mike Tyson (gauche) et Mr Dream (droite)

En déplacement lors du développement la version console du jeu, le fondateur de Nintendo of America, Minoru Arakawa, assiste à un match de boxe mettant en vedette Mike Tyson et décide d’approcher le boxeur pour qu’il apparaisse comme dernier adversaire dans le jeu. Un contrat de 3 ans est signé, juste avant que Tyson ne devienne champion poids lourds en novembre 1986. Un super bon coup pour Nintendo, qui offre le jeu au marché nord américain en octobre 1987 sous le nom de Mike Tyson’s Punch-Out!!. Le jeu était déjà sorti au Japon avant l’introduction de Mike Tyson comme adversaire, sous une cartouche dorée qui plus est, mais le succès est tel qu’on y redistribue une nouvelle version incluant le boxeur au lieu de Super Macho Man comme champion à battre. Le contrat de Tyson ne sera pas renouvelé une fois les 3 ans écoulés et une autre série de cartouche est produite n’incluant pas de personnage à son effigie. On le remplace par le très générique et mal aimé Mr. Dream. D’ailleurs, bien qu’il existe probablement moins de copies de cette dernière version, celle avec Mike Tyson est normalement plus prisée. La version NES fut également rendue disponible sur arcade via les systèmes PlayChoice et PlayChoice-10, qui permettaient à Nintendo de faire rouler des jeux de leur console maison sur bornes d’arcade.

Le développement de Mike Tyson’s Intergalactic Power Punch fut également enclenché pour offrir une suite spirituelle au succès sur NES. Dirigé par Beam Software, futur développeur de Shadowrun au SNES, le projet abandonne rapidement tout lien avec Tyson dans la foulée des déboires judiciaires du boxeur. Au passage, un vieux fou prend plaisir à confondre tout le monde et renomme le jeu en Power Punch II, alors qu’il n’y a jamais eu de premier volet. Puisque Nintendo avait déjà décidé de retirer Mike Tyson de Punch Out !! lorsque le projet débuta en 1990, cela laisse croire qu’ils n’ont jamais vraiment été impliqué dans le projet Power Punch, mais les sources sont contradictoires.

Les graphismes de Power Punch II font effectivement saigner des yeux
Les graphismes de Power Punch II font effectivement saigner des yeux

Comme l’indiquait le nom original, le jeu introduit des éléments de sciences fictions à l’histoire. Des éléments farfelus. Très farfelus. Le scénario tourne autours du fait que le protagoniste, qui suite à l’abandon du contrat avec Tyson est renommé  “Tough Guy” Mark Tyler (c’est pas entre le prénom et le nom que l’on insère un surnom d’habitude ?), se vante d’être le plus fort de l’univers. Son message traverse mystérieusement l’espace intersidéral et est intercepté par un promoteur de boxe intergalactique qui décide de challenger Tough Guy. Il organise donc un tournoi à l’aide de ses boxeurs extraterrestres afin de battre Tyler. Je dis boxeur, mais dans les faits aucun adversaire ne porte d’équipement de boxe. Pas de gants, ou de shorts, ou de bottes. Et le reste du jeu n’est pas mieux. Les graphismes sont à saigner des yeux, et les effets sonores, des oreilles. La jouabilité est médiocre et les nouveaux segments d’entrainement sont d’un ennui pas possible. Incroyable que le jeu ait réussit à trouver un éditeur. Le jeu fut finalement distribué par American Softworks Corp en 1992. Sans surprise, les critiques ont démoli le jeu. Je vous invite fortement à constater de vous même toute la “splendeur” du jeu dans ce vidéo de speed run. On peut également depuis 2009 se procurer la ROM de la version Mike Tyson’s Intergalactic Power Punch sur les forums de NintendoAge. Je ne fournirai pas le lien, mais voici une petite recherche Google qui pourrait aider.

Little Mac dans Super Smash Bros 3DS et Wii U
Little Mac dans Super Smash Bros 3DS et Wii U

Punch-Out!! au NES, c’est également la naissance du personnage de Little Mac. La version arcade utilise des wireframes pour afficher l’avatar du joueur, mais les développeurs arrivent rapidement à la conclusion que la console est loin d’offrir assez de puissance pour ce type de rendu. Forcés d’afficher un personnage non-transparent, les développeurs se creusent la tête pour trouver un moyen d’empêcher celui-ci d’obstruer la vue. C’est ainsi qu’il décide de réduire considérablement sa taille, ce qui permet de bien voir les mouvements de l’adversaire. De par son désavantage flagrant quant à ses rivaux, Little deviendra donc partie intégrale du nom du boxeur Mac. On retrouvera conséquemment le personnage dans la version PlayChoice sur arcade et les entrées subséquentes de la série : Super Punch Out !! sur SNES et Punch Out !! sur Wii, ainsi que dans le tout dernier Super Smash Bros. sur 3DS et Wii U. Il est absent de la version Game & Watch du jeu puisque celle-ci est sortie en 1984, entre la version arcade et la version console.

Bravo champion !

Discipline : combat libre

Des confétis pour le champion !
Des confétis pour le champion !

Pour devenir champion, il faut gravir les échelons, vaincre adversaire après adversaire, défier l’adversité ! Pourtant dans Urban Champion, on n’affronte qu’un seul adversaire, encore et encore et encore. Le jeu est très simple : faire reculer son rival en le criblant de coups, afin de le faire tomber dans le vide au bout de la rue et éviter qu’il nous fasse subir le même sort. Oh mais on reste sur le trottoir. Violent comme jeu, certes, mais civilisé ! Lorsqu’on réussit, une pluie de confettis s’abat sur nous et on recommence. Parfois, un pot de fleur est lancé par la fenêtre d’une dame hystérique (pas vraiment) ou bien une patrouille de police apparaît et on doit cesser les coups, mais c’est vraiment trop peu pour ajouter de la vraie variété à ce jeu.

Il ne faut tout de même pas sous-estimer l’héritage d’Urban Champion. Ou même son histoire, intimement liée à celle de Punch Out !!, plus précisément la version Game & Watch dont je vous parlais plus tôt. Avant la sortie du jeu de boxe bien connu, ce Game & Watch s’appelait en fait Boxing et son gameplay ressemble comme deux gouttes d’eau à celui d’Urban Champion. Non seulement s’agit-il donc d’une suite spirituelle à ce jeu sur écran à cristaux liquides, mais il s’agit également du tout premier jeu de combat 1 contre 1 offert sur une console de Nintendo. Oui, c’est vrai, on est bien loin de Street Fighter. Mais justement. Le jeu a permis d’établir que la NES et Nintendo n’était pas les meilleurs atouts du genre. Il a fallu attendre Joy Mech Fight, sorti en 1993 et seulement au Japon, pour voir le prochain jeu de combat 1 contre 1 de Nintendo. C’est vastement supérieur, mais arrivé trop tard dans le cycle de vie de la console.

La boîte du Game & Watch Boxing
La boîte du Game & Watch Boxing

Beat ’em quoi ?

Discipline : Kung-Fu

La pochette de Kung-Fu
La pochette de Kung-Fu

À la sortie du NES en octobre 1985, parmi la quinzaine de titres offerts se cache le port d’un jeu d’arcade bien important pour notre petit monde de gamers. Trop peu connu de nos jours, Kung-Fu, ou Spartan X au Japon, est une version console du jeu d’arcade Kung-Fu Master sorti un an plus tôt dans les salles obscures et développé par Irem. Fait curieux, sur la pochette du jeu NES, l’un des fameux Black Box bien aimés des collectionneurs, un astérisque est apposé au titre. C’est également le cas pour 10-Yard Fight, un autre jeu d’Irem. Cependant, Popeye,  pourtant développé par Nintendo, arbore également le symbole. Je n’arrive pas à trouver d’explication pour cette étrangeté et ça me chicote beaucoup ! Si vous en avez une, faites le moi savoir dans les commentaires ! [MISE À JOUR] Le mystère est résolu !! L’astérisque était utilisé pour signaler que la licence du jeu n’appartenait pas à Nintendo. Bien que Popeye ait été développé par Nintendo, la licence appartenait à King Features Syndicate. Merci à Jean-François Dupuis de CollectorVision pour l’info !

Thomas kick la face à un méchant dans Kung-Fu !
Thomas kick la face à un méchant dans Kung-Fu !

Dans Kung-Fu le joueur incarne Thomas qui doit délivrer sa douce des mains du vil Mr. X à coups de pieds et coups de poings, dans les airs autant qu’au sol. Un peu rudimentaire au premier coup d’œil, on parle pourtant ici d’une révolution. Les jeux de plateformes n’étant pas encore très répandus à l’époque (on rappelle ici que Miyamoto n’avait pas encore mis au monde Super Mario Bros. ), le joystick servait normalement simplement à déplacer le joueur à droite ou à gauche et permettait à l’occasion de s’accroupir. Dans Kung-Fu, en plus de pouvoir effectuer des attaques de n’importe quelle position, on permet au joueur de faire sauter le personnage en inclinant le joystick vers le haut. Ajoutez des ennemis variés qui affluent à gauche et à droite ainsi que des boss de plus en plus difficiles et vous obtenez la recette pour le tout premier jeu de type beat ’em up. L’adaption sur NES tient la route et j’ai personnellement eu vraiment beaucoup de plaisir avec ce jeu lorsque j’étais jeune et, avouons le, quelques frissons en entendant les perturbants rires de Mr. X et ses laquais.

Chose surprenante, le jeu est en fait l’adaptation d’un film de Kung-Fu. Tient, tiens, c’est pour ça Kung-Fu Master ! Mettant en vedette Jackie Chan, il s’intitule Wheels on Meals ou, conséquemment avec le titre du jeu sur Famicom, Spartan X au Japon. En fait, c’est la version officielle. Il faut tout de même souligner qu’officieusement les développeurs s’étaient plutôt inspirés de Bruce Lee avant qu’Irem ne plaque la licence Spartan X sur le jeu en développement. Mais bon, ce sont des détails et ça n’arrive plus jamais ce genre de chose.

N’est-ce pas… ?

Le jeu est également disponible sur une panoplies d’autres systèmes. Il s’agit de l’un des dernier jeux à paraître sur Atari 2600. Un gros 10 ans après le lancement de la console, quand même ! Il existe une version pour MSX, Commodore 64, Amstrad CPC, ZX Spectrum (Timex Sinclair) et j’en passe.

Une suite a également vu le jour sur Famicom au Japon sous le nom de Spartan X 2. Graphiquement très différente et comportant des environnements beaucoup plus variés, on y retrouve tout de même un gameplay similaire mais plus raffiné. Légèrement plus facile, c’est un très bon jeu méconnu de la Famicom. On dit également de Vigilante, autre jeu d’Irem sorti sur arcade en 1988, qu’il est la suite spirituelle de Kung-Fu Master. Le jeu y ressemble effectivement beaucoup, mais c’est également à cause de l’exclusivité de Spartan X 2 sur la console de Nintendo que cette étiquette lui est collée.

Un Deux Kung-Fu

Discipline : Kung-Fu, encore !

Le dernier jeu dont je veux vous parler est un de mes coups de cœur personnel de la Famicom. Et je précise sur la console japonaise, puisque le jeu n’a jamais été disponible sur notre territoire. Mais peut-être y avez vous jouer quand même. En effet, Yie Ar Kung Fu (qui signifie Un Deux Kung-Fu en chinois) s’est retrouvé sur certaines cartouches piratées de type multicart. Vous savez, ces cassettes qui contenaient plein de jeux sélectionnables à l’aide d’un menu. C’est comme ça que j’ai pu y jouer une bonne partie de mon enfance.

Yie Ar Kung-Fu sur Famicom (NES)
Yie Ar Kung-Fu sur Famicom (NES)

À la différence d’Urban Champion, Yie Ar Kung Fu est un jeu de combat 1 contre 1 bien réalisé. Et plaisant, surtout. Sortie en janvier 1985, la version arcade du jeu a jeté les bases des jeux de combats modernes. On y retrouve des barres de vie, des adversaires variés et distincts, du combat aérien, etc. La caractéristique majeure réside dans le grand éventail de techniques réalisables par le joueur. La combinaison des 2 boutons d’action et du stick directionnel permet d’effectuer une quinzaine d’actions différentes.

La version arcade de Yie Ar Kung-Fu
La version arcade de Yie Ar Kung-Fu

La version Famicom est beaucoup plus modeste vis-à-vis la version arcade mais la prise en main demeure intéressante et les contrôles, simplifiés, sont bien adaptés à la puissance de la console. Le jeu est d’ailleurs disponibles sur une myriade d’autres systèmes que la Famicom. Porté sur plusieurs ordinateurs à l’époque, dont le MSX, le ZX Spectrum et le Commodore 64, il a depuis été rendu disponible sur GameBoy Color, GameBoy Advance, PlayStation et j’en passe. Si la version MSX est très similaire à celle sur Famicom, la plupart des autres adaptations sont plus calquées sur la version arcade. La chaîne YouTube de Gaming History Source nous offre d’ailleurs un bon vidéo de comparaisons entre les différentes versions.

Kéven Boily

Accros depuis qu'il a 5 ans, ce fan de Mega Man oeuvre également comme programmeur dans l'industrie Montréalaise des jeux vidéo. Son intérêt pour toutes les consoles depuis la NES originale lui apporte des connaissances élargies sur l'historique video ludique. Qu'on parle de séries méconnues, de personnages maintenant légendaires ou d'annecdotes obscures qui ont fait de l'industrie ce qu'elle est aujourd'hui, sa passion n'est plus à démontrer.

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