Est-ce un oiseau ? Est-ce un avion ? Non c’est… Super Chinese !

Est-ce possible de faire un titre plus quétaine que ça ? Challenge accepted ! Mais ce sera pour une autre fois…

Vous savez, j’aime parler de trucs un peu moins connus. La preuve. Il me paraissait donc logique de vous offrir, de temps en temps, un petit regard sur une série plus obscure. On commence ça cette semaine !

Bon alors, Super Chinese. Non, ce n’est pas un restaurant. Non, ce n’est pas un commentaire raciste envers un honnête citoyen aux origines Asiatiques. Il s’agit en fait du nom donné à une série de jeux produits par la société nippone Culture Brain, alors connue sous le nom de Nihon Game Inc. lors de la parution du premier titre de la série.

Héros chinois

Chinese Hero (Arcade)
Chinese Hero (Arcade)

Le premier jeu est paru sur bornes d’arcades en 1984 sous le nom de Chinese Hero. À lire le titre, on en déduit que l’on incarne un héros et que ça se passe en Chine. Mais quoi d’autre ? En fait, on nous induit déjà en erreur, car on propose un mode multijoueur qui fait grimper le nombre de héros à 2. Ah, ces Japonais, qu’ils sont sournois !

Le but du jeu est assez simple. Il faut, seul ou avec l’aide d’un ami, parvenir à battre tous les ennemis présents à l’écran pour faire ouvrir la porte et passer au niveau suivant. Pour ce faire, on peut sauter, donner des coups de poings ou bien y aller avec une technique plus avancée et attaquer en l’air, ce qui permet d’effectuer un puissant coup de pied aérien. Comme tout bon jeu d’arcade de l’époque, c’est donc assez simpliste. Pour être franc, c’est loin d’être le jeu du siècle !

Cogne fou !

Kung-Fu Heroes (NES)
Kung-Fu Heroes (NES)

En 1986, Culture Brain décide de faire le portage de son jeu vers la console maison de Nintendo et offre ainsi une version sur la Famicom au Japon. L’équipe marketing décide enfin de reconnaître l’existence du deuxième personnage et renomme le jeu Kung-Fu Heroes. La version NES ne fait son entrée sur le marché nord-américain qu’en 1988. En fait, il y a de fortes chances que vous y ayez joué sur une cartouche pirate du genre 150 in 1 puisqu’il est très fréquent de voir au moins une version du jeu apparaître sur l’une de ces multicart.

La version console ne diffère pas beaucoup de celle retrouvée en arcade. Évidemment, les graphismes sont un peu moins évolués, mais on retrouve le même gameplay et la possibilité d’y jouer avec un ami. La résolution 4:3 force également une diminution de l’espace de jeu et l’interface se retrouve par dessus le décor.

Voyage en Terrechinoise

La série prend réellement son envol avec Super Chinese 2 en 1989. En Amérique du Nord, on le connait plutôt sous le nom de Little Ninja Brothers, le distinguant clairement du premier opus. Dans ce jeu, Jack et Ryu, frères, ninjas et protagonistes du premier jeu, doivent sauver… Chinaland. Vraiment ? Chinaland ? Décidemment, si j’ai un enfant à nommer, ce n’est pas Culture Brain que je vais appeler. Enfin bref ! Comme je disais, les deux frères doivent sauver leur terre natale car le méchant Blu Boltar menace de tout envahir.

Ce qui distingue cette suite n’est cependant pas son histoire, mais plutôt l’ajout substantiel d’éléments de jeux de rôle (RPG). Le joueur peu donc maintenant se déplacer sur une carte du monde, visiter villes et villages, faire des emplettes, modifier son équipement et explorer des donjons. Les mécaniques lors combats, lesquels surviennent aléatoirement lorsqu’on explore Chinaland, restent cependant très similaires au titre précédent. On note par contre l’ajout d’items qui peuvent être utilisés lors des combats pour effectuer des attaques spéciales. De plus, les affrontements avec les boss rappellent les RPG classiques en proposant un système de commandes au tour par tour sélectionnées à l’aide de menus.

Puisque ce jeu est beaucoup plus long et complexe que Kung-Fu Heroes, un système de mot de passe a été ajouté afin de pouvoir reprendre une partie interrompue. Ce système est complètement indépendant du nombre de joueurs. On peut d’ailleurs, à tout moment, modifier ce nombre, ce qui en fait un excellent jeu à terminer avec un ami car il existe peu de RPG multijoueurs, surtout sur la NES.

C’est un titre qui demeure peu connu aujourd’hui mais qui pourtant offre un gameplay hybride très intéressant. La fréquence des combats aléatoire vient cependant mettre des bâtons dans les roues à l’expérience de jeu, mais il n’en demeure pas moins un petit bijou de la NES que je vous conseille fortement d’essayer.

Au Japon, Super Chinese I+II Advance offre des versions revitalisées (remakes) de chaque jeu sur la même cartouche de Game Boy Advance. En bonus, on peut également jouer à Super Chinese Labyrinth, un jeu de puzzle inspiré de la série, que l’on retrouve également sur Twin Series Vol. 3 – Konchuu Monster/Super Chinese Labyrinth, une autre compilation de Culture Brain pour la console portable.

Quand la Chine ne sort pas du Japon

La suite, Super Chinese 3, ne verra malheureusement jamais le jour à l’extérieur du Japon. Il n’existe également aucune traduction faite par des fans. C’est pour cette raison que je n’ai jamais personnellement eu la chance d’essayer plusieurs itérations de la série, car, vous le constaterez, plus de la moitié des jeux ont subis le même sort.

On retrouve ici les mêmes éléments ajoutés à Little Ninja Brothers, soit RPG et exploration. Les combats reçoivent un changement subtil mais important alors qu’on incorpore un défilement horizontal des arénas lors des scènes d’action. On écarte alors les conventions d’arcade pour se rapprocher encore plus de celles du monde des consoles. Les graphismes ont également reçu une belle mise-à-jour et ce jeu est franchement plus beau que son prédécesseur.

Ninjas portables

En 1990, les frères Jack et Ryu font leur apparition sur la GameBoy. Encore une fois, les versions Japonaise et Américaine portent des noms différents, soit, respectivement, Super Chinese Land et Ninja Boy. Remarquez le clin d’œil à Super Mario dans le titre, dont, rappelons-le, le premier jeu portable se nomme Super Mario Land. On reprend la formule simpliste de Kung-Fu Heroes, pour des résultats assez décevants.

Heureusement, Ninja Boy II aka Super Chinese Land 2 incorpore les éléments RPG des titres plus récents de la NES. De plus, on explore maintenant l’espace puisque nos 2 héros doivent… euh… sauver Futureland de seigneurs extraterrestres maléfiques en… construisant leur propre vaisseau spatial ?! Oui oui ! Bref, une adaptation portable beaucoup plus intéressante que son prédécesseur et qui vaut le détour.

Tout comme le 3e titre sur Famicom, Super Chinese Land 3 ne verra jamais le jour en dehors du Japon. Offert sur GameBoy Color, le jeu est beaucoup plus joli que Ninja Boy II mais offre une aventure similaire. Pour ce qui est de l’histoire, impossible de vous en dire d’avantage il existe peu de documentation en langue anglaise sur celle-ci.

Il existe également une compilation Japonaise qui offre les 3 jeux sur la même cartouche.

Super Super Chinese

Parallèlement aux version sur portables, on voit la série apparaître sur Super Famicom en 1991, puis sur SNES en 1993. Au Japon, on continue les allusions au plombier de Nintendo en nommant le jeu Super Chinese World, en référence bien sûr à Super Mario World. Pour les versions américaines, on s’inspire plutôt des titres sur Game Boy, ce qui nous donne Super Ninja Boy. C’est ce jeu qui m’a fait découvrir la série et je ne me rappelle pas le nombre de fois que j’ai pu louer cette cassette.

On reprend tous les éléments RPG ajoutés sur NES et il s’agit d’une adaptation assez fidèle des jeux 8-bits vers le monde du 16-bits. L’exploration sur la carte, les villes et les combats tour par tour y sont toujours présents, mais on ajoute du piquant avec un nouvel élément notoire. En effet, on retrouve ici plusieurs sections de platforming, qui, vous l’aurez deviné, nécessite de sauter sur des plateformes et par dessus différents obstacles pour atteindre l’autre bout du donjon. Et, bien sûr, on peut toujours compléter le jeu avec un ami pour plus de plaisir ! Personnellement, c’est cette version que je préfère et je la recommande fortement à tout amateur de jeux d’action sur la SNES !

Super Chinese World 2
Super Chinese World 2

La suite, Super Chinese World 2… n’est pas sortie en dehors du Japon. Et hop, un morceau de robot à tous ceux qui ont deviner ! Même concept ici, sauf qu’on a retiré les éléments de combat tour par tour. Ils ont cependant reçu une grosse cure de rajeunissement. En plus d’être vachement plus jolis, chaque personnage dispose maintenant de nouvelles attaques et habiletés spéciales. On parle même de la possibilité de se transformer en ninja géant ! Oh, et truc qui m’a fait beaucoup rire, on retourne dans l’espace pour combattre de méchants extraterrestres !

Super Chinese World 3
Super Chinese World 3

Finalement, le dernier titre aux accents RPG de la série à voir le jour fut Super Chinese World 3 en 1995. Même formule, mais on permet cette fois au joueur de choisir entres plusieurs personnages en plus de Jack et Ryu dont les habiletés au combat varient. Inutile de dire que ce jeu n’est disponible qu’en Japonais !

 Jack VS Ryu

La série a également connu quelques spin-offs compétitifs. En effet, 3 jeux de combats basés sur la série ont vu le jour au Japon.

Le premier Super Chinese Fighter voit le jour sur Super Famicom en 1995. Il s’agit d’un jeu de combat plutôt traditionnel dans lequel on peu sélectionner Jack, Ryu et d’autres personnages de l’univers étendu de Super Chinese. La version Game Boy, Super Chinese Fighter GB est quand à elle sortie un an plus tard. Particulièrement fluide et comprenant des animations riches pour la Game Boy, cette version offre en plus une palette de couleur adaptée sur Super Nintendo ainsi que la possibilité de jouer un contre un ami qui utilise le 2e contrôleur lorsqu’on l’insère dans le Super GameBoy. Plusieurs années plus tard, soit en 1999, Culture Brain offre une version mise à jour avec Super Chinese Fighter EX sur Game Boy Color.

Quelques personnages créés pour cette série ont également fait des apparitions dans une autre série de combat développé par Culture Brain. Connu sous le nom de Fighting Dragon ici, le jeu de Nintendo 64 SD Hiryu No Ken Twin nous permet d’incarner Robo No Hana, un robot sumo, et Bokuchin, un pantin, que l’on doit d’ailleurs déverrouiller avant de pouvoir l’utiliser. Jack et Ryu ne sont jouables que dans la suite, SD Hiryu No Ken Densetsu, également paru sur Nintendo 64.

Kéven Boily

Accros depuis qu'il a 5 ans, ce fan de Mega Man oeuvre également comme programmeur dans l'industrie Montréalaise des jeux vidéo. Son intérêt pour toutes les consoles depuis la NES originale lui apporte des connaissances élargies sur l'historique video ludique. Qu'on parle de séries méconnues, de personnages maintenant légendaires ou d'annecdotes obscures qui ont fait de l'industrie ce qu'elle est aujourd'hui, sa passion n'est plus à démontrer.

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